Une (brève) histoire de la COP1 à la COP21


cop21 paris

Depuis 1995, plus d’une centaine de pays du monde entier se réunissent chaque année lors des COP pour parler du climat et de la lutte contre le réchauffement climatique. Du fait de la complexité du sujet et des enjeux qui se cachent derrière, c’est un processus de négociations long et continu où se mêlent d’enjeux environnementaux, économiques, sociaux et diplomatiques.
Les COP sont nées lors du Sommet de la Terre de Rio. En 1992, plus de 178 pays se rencontrent à Rio de Janeiro pour la conférence décennale de l’ONU sur l’environnement et le développement. Des avancées y sont faites, comme la signature de la Déclaration de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement qui donne une définition « officielle » commune du développement durable. Dans cette Déclaration se trouve une convention sur le climat qui insiste sur l’obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de minimiser l’impact des activités humaines sur le changement climatique.
Le processus est enclenché. Chaque année, les pays ayant signé la convention sur le climat du Sommet de Rio se retrouveront pour trouver des solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique : c’est la fameuse « Conférence des parties » (COP) (en anglais : Conference of the Parties) qui aura lieu chaque année dans une ville différente. Des acteurs non gouvernementaux y prendront aussi place (ONG, entreprises, villes, citoyens etc.) afin de représenter au mieux la société qui doit lutter contre le changement climatique.

Quelques mots sur le Protocole de Kyoto. C’est l’accord sur le climat le plus connu du grand public. Il est en effet majeur car c’est la première fois (en 1992) que divers pays signent un accord les forçant à diminuer leurs émissions de CO2, cause première du réchauffement climatique.

Depuis la première conférence des parties (COP1 à Berlin) en 1995, les différents pays prennent peu à peu conscience de la catastrophe environnementale, économique

et sociale que pourrait amener une élévation des températures trop importante. Le problème est alors de mettre d’accord plus de 190 pays sur la manière de procéder. D’autant plus que ces pays sont très différents les uns des autres et ont des intérêts très différents.

D’un côté, il y a les pays industrialisés, ayant déjà profité pour leur croissance des bénéfices des énergies fossiles peu onéreuses (mais très émettrices de CO2), comme le charbon, le pétrole et le gaz naturel.

De l’autre, il y a les pays en voie de développement et émergents, dont le développement économique n’est pas encore terminé et qui veulent légitimement poursuivre leur croissance. Évidemment, ils ne veulent pas que cette croissance économique soit entravée par des contraintes alors que les pays industrialisés n’ont pas connu ces règles par le passé.

Tous les pays sont pourtant touchés par ce changement climatique : ouragans aux États-Unis, désertification dans le Sahel, disparition progressivedes îles du Pacifique, fonte du pergélisol, destruction de la biodiversité, disparition de la banquise, migrations de population etc.

La COP1 fixera pour chaque pays ou région (par exemple l’Union européenne) des objectifs chiffrés en matière d’émissions de
GES et de réductions à atteindre. Cet engagement chiffré passe une série de mesures et d’engagements.

La COP2 s’est déroulée à Genève en 1996. Elle a eu lieu juste après la publication du deuxième rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui renforce les charges sur le rôle des émissions de GES d’origine anthropique. Il y est déclaré le réchauffement climatique est un danger pour la vie humaine.

En 1997, la COP3 se déroule à Kyoto. Pour la première fois, un protocole exigeant visant à encadrer les émissions de CO2 est élaboré par plus d’une centaine de pays. Et les objectifs sont chiffrés : réduire de 5,2% les émissions de gaz à effet de serre planétaires d’ici 2020 en se servant de 1990 comme année de référence.

Les pays signataires du protocole de Kyoto sont divisés endeux catégories. D’une part, les pays de l’Annexe 1, qui se sont engagés à réduire leurs émissions (et qui au total ne l’ont pas fait). D’autre part, les pays hors Annexe 1, à savoir les pays non industrialisés qui ne sont pas encore prêts à s’engager dans la réduction de leurs émissions, mais dont certains comme le Chine et l’Inde sont parmi les plus gros pollueurs.

L’engagement des pays de l’Annexe 1 correspondait à une diminution des émissions mondiales de 5,2% (objectif proche du ridicule) d’ici 2020 en se basant sur l’année 1990 comme référence. Les pays en transition qui ratifieront le protocole pourront choisir leur année de référence. À ce moment-là, le virage « vert » aurait été beaucoup plus facile. Mais, ni les uns ni les autres n’ont réussi. Le Protocole de Kyoto sera un échec, même s’il faut au moins reconnaitre que l’existence de ce protocole démontre qu’il est possible de se mettre d’accord à plusieurs sur un sujet aussi compliqué que le climat.
Pour que le protocole de Kyoto rentre réellement en vigueur, il faut que 55 pays au minimum le ratifient. Ce sera chose faite en 2002 lorsque l’Islande s’engagera à réduire ses émissions. Il sera officiellement ratifié en 2005 lors de la COP11 à Montréal, présidée par le ministre de l’Environnement de l’époque Stéphane Dion. Comme plusieurs d’entre vous, j’ai assisté à quelques des sessions.

Pendant ces huit années, entre 1997 et 2005, se sont déroulées des négociations très fortes et de clarification de la mise en œuvre du Protocole : mise en place de la méthodologie de comptabilité, des marchés d’émissions, des mécanismes de fond propre, du système d’observation et de gouvernance, etc.

La principale déception vient évidemment de la non-participation de certains pays importants tels que les États-Unis, la Chine (les deux principaux émetteurs de GES du monde) ou l’Inde. Ces trois pays ont bien sûr invoqué des raisons différentes pour expliquer leurs choix. De la même façon, le Canada s’est rétracté en 2011; une honte, alors qu’il est un grand producteur et exportateur d’énergie fossile et qu’il produit l’un des pétroles les plus « sales » tiré des sables bitumineux. De même lorsque le Protocole de Kyoto a été prolongé jusqu’en 2020 lors de la conférence de Doha (en 2012), la Russie, le Japon et la Nouvelle-Zélande s’en sont retirés. On a prolongé l’Accord de Kyoto jusqu’en 2020 pour permettre aux équipes de négociations de trouver autre chose qui fonctionnerait mieux. La Conférence de Paris y réussira-t-elle ? Bien des gens l’espèrent et retiennent leur souffle. Les dernières rumeurs nous font même croire que les pressions seraient fortes pour un accord qui limiterait la hausse des températures à 1,5°.

David Fines


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