COP21 : L’Afrique et des chiffres


Aujourd’hui, un sommet dans le Sommet : douze chefs d’Etats de pays d’Afrique se sont rencontrés avec le président Hollande et Christiana Figueres, la secrétaire exécutive de la CCNUCC pour discuter des enjeux spécifiques à ce continent. L’Afrique ne représente que 15% de la population mondiale, que 3% de son économie et n’émet que 4% des GES (gaz à effet de serre). Et pourtant c’est l’Afrique et sa population qui subissent parmi les plus importants impacts du réchauffement climatique. Les leaders parlent de déforestation et de désertification, de pluies torrentielles et d’inondations, de la multiplication des insectes ravageurs, de l’assèchement du lac Tchad, de la dégradation des littoraux, et bien sûr « ce sont le plus vulnérables qui souffriront le plus ».

Comme je me suis fait refoulé de la salle de plénière pendant les débats pour raison de sécurité, je tente d’y pénétrer une nouvelle fois durant la pause du déjeuner. Mais non, nouvel échec, car « il est interdit de prendre des photos dans les salles de négociations ».

Je prends donc une partie de l’après-midi pour déambuler de kiosque des ONG à l’autre. Ainsi je m’arrête à celui de la WECF (Women in Europe for a Common Future) qui propose de l’agriculture biologique comme moyen de stocker le carbone) ; celui du WCJ (Women Climate Justice) qui a son siège social en Indonésie ; celui du Climate Action Network qui produit un bulletin quotidien sur les activités à ne pas manquer durant la COP21 ; celui de Christian Aid où l’on s’attarde sur le sort de victimes ; pour terminer à l’immense Espace-Afrique où une bonne quinzaine d’organismes sont représentés. L’Afrique n’est pas la seule région occupant un grand espace : il faut aussi voir l’impressionnante Maison de la France, le pavillon du Maroc, qui accueillera la COP22, décoré comme un palais d’Orient ou encore celui de l’Inde peu fréquenté qui vante ses programmes de reforestation et qui attire de nombreux photographes par ses fascinantes fontaines multiformes.

Dans Espace-Afrique, je me prête à une démonstration en univers virtuel avec des lunettes en 3D et 360° sur le Grande muraille verte, une immense bande qui traverse l’Afrique d’est en ouest sur plus de 4 000 kilomètres à travers dix pays, où les communautés locales ont planté des arbres, des jardins et des potagers. A certains endroits la muraille a plus de 15 kilomètres de large. Un exercice saisissant et un merveilleux projet qui a commencé il y a huit ans et qui devrait s’achever l’année prochaine.

La COP21 en 10 (ou 11) chiffres

21 : à Paris se tient la 21e Conférence des Parties (signataires de l’Accord de Kyoto). La première s’est tenue à Berlin. La COP11 a eu lieu à Montréal en 2005. L’année prochaine la COP22 se déroulera à Marrakech.

196 : le nombre de parties impliquées (195 pays + l’Union européenne).

2 : l’objectif de la COP21 est de parvenir à un accord global qui permettra de l’imiter la hausse des températures mondiales à 2 degrés Celsius, objectif pris à Copenhague lors de la COP15; Pour nombre de groupes écologistes et scientifiques, c’est déjà une défaite; nous en sommes à 0,85 depuis le début de l’ère industrielle et si rien n’est fait, l’humanité se dirige vers une hausse de 4,6°.

100 milliards de dollars : c’est l’engagement par les pays riches à nouveau pris à la COP15 pour compenser et aider, par année d’ici 2020, les pays pauvres.

400 : c’est la concentration (dépassée) en ppm (partie par millions) de CO2 dans l’atmosphère (270 au 19s).

30% : c’est, selon les estimations, la perte de la biodiversité déjà causée par le réchauffement climatique.

7,8 : le niveau de ph (acidité) des océans; lors des premiers calculs il était à 8,3, il est donc déjà à 30% de plus.

1 : on estime que le niveau des eaux des océans pourrait facilement s’élever d’un mètre à cause de la fonte de glaciers et dilatation (nous en sommes déjà à 7 cm).

400 millions : le nombre de personnes des régions côtières menacées par la montée des eaux.

40% : la réduction minimum d’émissions de GES que les pays du monde doivent atteindre d’ici 2050; l’objectif ultime étant une économie neutre en carbone entre 2050 et 2100.

12 000 + 3 000 + 2 000 : le nombre de gendarmes, plus celui des soldats, plus celui des agents de sécurité très spéciaux.

David Fines


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