Les voix ignorées



La voix des peuples autochtones du Canada, celle des défenseurs des droits humains au Congo et en Colombie, celles des mères séropositives du Malawi et celle des insulaires du Pacifique, dont la hausse des eaux causée par les changements climatiques détruit les foyers et les moyens de subsistance, sont quelques-uns des messages clairs et bien articulés qui n’ont pas été entendus au G8 et au G20, ce dernier week-end en Ontario.

On y a ignoré des enjeux mondiaux urgents. Les leaders du monde ont mobilisé des ressources insuffisantes pour la santé maternelle. En mettant l’accent sur la réduction des déficits sans appliquer de « Taxe Robin des Bois » à la spéculation, ils ont fait en sorte que le fardeau de la crise financière retombe sur ceux et celles qui ont le plus besoin de fonds de retraite, de soins de santé et de services sociaux plutôt que sur les financiers qui ont provoqué la crise.

On a ignoré les pauvres, dont la vie dépend pourtant d’une manière dramatique des décisions du G8 et du G20. On a aussi ignoré les organisations non gouvernementales qui ont noué depuis longtemps avec des partenaires du Sud des relations qui inspirent le travail de plaidoyer qu’elles font en leur nom.

Plus de dix mille manifestants pacifiques ont tenté de faire entendre leur message de solidarité, de justice et de compassion mais ils ont été refoulés en touche car la presse et le grand public ne se sont intéressés qu’à une petite minorité qui a posé des gestes de vandalisme et de violence. L’énormité et le poids écrasant des moyens de sécurité mis en œuvre à ce sommet ont effrayé nombre de personnes qui auraient participé à une marche pacifique mais qui ont choisi de rester chez elles. Les arrestations massives font craindre qu’ont pu être arrêtés des manifestants ou des témoins pacifiques et soulèvent de graves questions au sujet des libertés civiles au Canada.

Si les leaders du monde s’étaient attaqués aux changements climatiques, s’ils avaient adopté une taxe sur la spéculation ou s’ils avaient mobilisé les ressources nécessaires pour stopper la mortalité maternelle précoce, les résultats du sommet auraient quelque peu atténué l’inquiétude que suscite l’énormité des coûts financiers et sociaux de tels événements.

Il s’agit maintenant de recommencer à faire entendre les messages positifs, les messages de vie, des organisations populaires au Canada et à l’étranger. Nous lançons un appel aux médias pour qu’ils fassent ressortir les enjeux qui ont été ignorés ce week-end et qui peuvent aider notre pays à prendre des décisions porteuses d’espoir afin de construire une communauté mondiale plus juste et plus pacifique.


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