KAIROS, Initiatives canadiennes œcuméniques pour la justice répond aux déclarations du ministre Kenney sur l’antisémitisme


La ministre de la Coopération internationale, Mme Bev Oda, a expliqué à KAIROS, au Parlement et au peuple canadien qu’on allait couper la subvention de KAIROS parce que son travail ne correspondait pas aux priorités de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) en matière de croissance économique, de sécurité alimentaire et de soutien aux enfants et aux jeunes.
Mercredi, cependant, une explication tout à fait différente a été évoquée dans un discours du ministre de l’Immigration, M. Jason Kenney. Prenant la parole devant le Forum mondial pour combattre l’antisémitisme (Global Forum for Combating Antisemitism), à Jérusalem, le ministre Kenney a décrit l’action de son gouvernement pour lutter contre l’antisémitisme en signalant, à titre d’exemple, que le gouvernement avait « coupé les subventions à des organisations comme KAIROS pour avoir joué un rôle de chef de file dans la campagne de boycott, de désinvestissement et de sanctions » contre Israël.

L’attaque du ministre Kenney contre KAIROS est erronée. KAIROS n’a pas dirigé cette campagne. En 2007, KAIROS a pris position publiquement contre les sanctions et le boycott à l’encontre d’Israël.

Un texte publié récemment sous le titre « Kairos Palestine, 2009 : A Moment of Truth » n’est pas un document de KAIROS, Initiatives canadiennes œcuméniques pour la justice. Le mot grec « kairos » signifie « le temps de Dieu » et il est fréquemment utilisé par des auteurs et des groupes chrétiens.

Un ministre de la Couronne affirme que son gouvernement a décidé, pour un motif hautement politique, de couper la subvention à une proposition élaborée en consultation avec l’ACDI et approuvée par elle.

Les citoyens canadiens ont besoin de savoir la vérité.

Une double mise au point s’impose. Le fait de critiquer l’État d’Israël n’est pas de l’antisémitisme. L’ACDI a été créée pour financer l’aide internationale et non pour servir des programmes politiques.

Faite dans un climat passionné, la déclaration du ministre Kenney soulève des questions particulièrement troublantes quant à l’intégrité des décisions en matière d’aide au développement. Si les décisions sur l’aide se fondent sur la rumeur politique plutôt que sur la diligence requise, les critères de développement et le processus d’évaluation de l’ACDI elle-même, tout le secteur du développement international a de quoi s’inquiéter sérieusement, et avec lui les contribuables canadiens qui paient pour cette aide.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont présenté des propositions à l’ACDI et leurs dossiers sont depuis des mois sur le pupitre de la ministre Oda. D’autres vont bientôt soumettre leurs demandes de subventions. Comment peuvent-elles désormais faire confiance à ce processus de prise de décision?

Au cours des deux dernières semaines, des Canadiennes et des Canadiens de partout au pays ont demandé le rétablissement de la subvention versée à KAIROS par l’ACDI.

Les personnes qui militent pour les droits de la personne sont les véritables victimes de la coupure imposée à KAIROS. Cette décision supprime le financement pour une nouvelle clinique juridique au Congo, destinée à aider les femmes victimes de viol dans un pays déchiré par un conflit brutal. Les 5000 membres de l’Organisation féminine populaire de la Colombie perdront leur subvention pour un programme qui sauve des vies en les protégeant contre les violations endémiques des droits humains dans leur pays.

Qualifier d’ « antisémitisme » les critiques formulées par KAIROS au sujet des gestes du gouvernement israélien, c’est bâillonner le dissentiment. Personne n’en sort grandi. KAIROS a une position claire qui soutient le droit légitime du peuple israélien à un État sûr et sécuritaire.

KAIROS demande le rétablissement de sa subvention.


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