Conférence œcuménique sur l’exploitation minière – Finale


 

Réunies sous une bannière qui rappelle l’exhortation du Psaume 24 : « La terre et ses richesses appartiennent à Dieu » – environ 150 personnes de toutes les régions du monde ont réfléchi aux retombées des sociétés minières canadiennes sur leur communauté et ont offert des pistes sur ce qui doit être fait autrement.

Une cinquantaine des participants viennent d’Amérique latine, d’Asie et du Pacifique et d’Afrique. Ils ont rencontré des Canadiens et des personnes venues de l’Europe et des États-Unis qui jouent divers rôles en regard des industries extractives : des alliés qui travaillent dans la solidarité pour faire changer la loi au Canada, de sorte que les entreprises qui ont des activités à l’étranger soient mieux réglementées; des investisseurs préoccupés par les implications morales de posséder des actions dans des sociétés minières; et des membres des Premières nations des territoires autochtones du Canada qui n’ont pas la protection juridique suffisante pour défendre leur communauté. Ces rencontres ont donné lieu à des occasions enrichissantes d’apprentissage interlinguistique et interculturel.

Que ce soit par la religion, la réflexion théologique ou l’apport des spiritualités autochtones et d’autres traditions religieuses, nous avons appris que les Églises et les leaders religieux jouent divers rôles. Dans certains endroits, les Églises agissent en tant que médiateurs dans les situations de conflit; ailleurs, elles accompagnent, prodiguent des conseils et offrent un soutien indéfectible aux communautés et aux mouvements sociaux et écologiques; et partout, les leaders religieux prêtent une voix morale à ces questions.

Ceux qui sont venus de l’extérieur des frontières du Canada se sont familiarisés avec son économie basée sur les richesses naturelles. Nous nous sommes réunis à Toronto, au Canada, car 75 pour cent des entreprises d’exploitation et d’exploration minière du monde y ont leur siège social, et les bourses canadiennes réunissent 40 pour cent de tout le capital mondial dans le domaine de l’exploration minière. Les activités minières dans les pays du Sud, ainsi qu’au Canada, soulèvent les questions morales essentielles de la justice sociale et du respect de la création de Dieu qui préoccupent tous les croyants du monde entier. Certains conférenciers ont évoqué le rôle d’entreprises canadiennes qui tirent profit des conflits, ou même les provoquent ou les alimentent dans le contexte de démocraties fragiles.

De nombreux participants ont parlé d’une crise dans la relation entre les êtres humains et l’environnement. Un engagement renouvelé envers la lutte paisible pour la justice sociale et écologique est nécessaire. Certains conférenciers canadiens ont déclaré que la plupart des Canadiens ne pensent pas à l’exploitation minière ou à ses retombées, sauf dans la mesure où ce secteur, avec la production de pétrole et de gaz, contribue largement à la prospérité économique du pays. Les conférenciers des Premières nations ont affirmé que leur communauté subit les pressions de la demande du marché de l’or et des autres métaux précieux, et que la protection des droits fonciers est toujours insuffisante. Les Canadiens ont été mis au défi d’envisager les retombées de l’exploitation minière au Canada, où les conséquences peuvent être moins visibles, mais n’en sont pas moins nuisibles pour la planète et pour de nombreuses communautés des Premières nations, tout comme dans d’autres pays beaucoup plus densément peuplés.

La conférence a atteint certains de ses objectifs :

 

  1. La rencontre nous a permis de former des alliances et des liens de solidarité entre les leaders religieux et les mouvements sociaux dans diverses régions du monde.
  2. Les nouveaux réseaux officieux d’appui mutuel renforceront les communautés, les particuliers et les travailleurs qui sont affectés par les activités canadiennes d’extraction de ressources naturelles.
  3. Nous avons approfondi notre compréhension de la place de l’extraction des ressources naturelles dans les modèles économiques et de développement actuels auxquels nous participons.
  4. Nous avons encouragé les Églises de nombreux pays à accorder aux questions minières une place primordiale dans leur programme, y compris les possibilités d’éducation et les pratiques en matière d’investissement.
  5. Nous reconnaissons la nécessité d’intervenir à de multiples échelons : local, national et international, en utilisant un éventail de stratégies et de tribunes (comme l’ONU, l’OCDE, etc.). Spécifiquement, nous avons cerné des secteurs prioritaires pour de futures actions liées à la politique publique :

 

– Éducation : très souvent, les communautés ne voient pas l’activité minière comme une menace, jusqu’à ce qu’elles commencent à en voir les retombées; dans d’autres cas, elles en ont vu les retombées ailleurs et les leaders cherchent à aider la population à comprendre les retombées possibles. L’éducation dans ce contexte revient à acquérir des connaissances et à renforcer les capacités afin d’interpeller effectivement les gouvernements, les entreprises minières et le public. Dans les pays plus riches, l’éducation consiste le plus souvent à sensibiliser les croyants à agir dans la solidarité et pour la justice.

– Action législative : nous avons entendu des récits de succès mitigés, allant d’initiatives prises en Amérique centrale pour interdire les mines à ciel ouvert à l’initiative canadienne de réglementer les activités des sociétés minières canadiennes à l’étranger (projet de loi C-300). Certains ont réclamé la poursuite des efforts pour que les mesures législatives renforcent les cadres de politique. Les participants ont invité les Églises à faire pression sur le gouvernement canadien de même que sur les gouvernements des pays hôtes, afin qu’ils respectent les principes de la transparence (rendre l’information publique) et de la reddition de comptes concernant les activités d’extraction des ressources naturelles.

– Actions judiciaires : nous avons également entendu parler des poursuites judiciaires entreprises par les communautés devant les tribunaux locaux et canadiens, contre des entreprises minières canadiennes. Un dossier mitigé de succès et d’échecs montre la nécessité de continuer à porter des affaires devant les tribunaux, dans les pays hôtes autant qu’au Canada, de sensibiliser les juristes à ces questions et de revoir les cadres juridiques canadiens et internationaux.

– Théologie : nous constatons la nécessité d’approfondir notre compréhension de l’extraction des ressources naturelles et d’abandonner les concepts de domination et de propriété – et d’aller au-delà d’un rôle d’intendance – pour embrasser un sentiment d’appartenance à la création de Dieu, en comprenant qu’il est de notre responsabilité commune de veiller au bien-être de la création.

– Solidarité et accompagnement : nous devons répondre à l’appel pour plus de solidarité et d’engagement dans l’accompagnement des communautés directement affectées par l’extraction des ressources naturelles.

– Investissement : il faut une plus grande compréhension des Églises en tant qu’investisseurs et de leur devoir d’utiliser ce genre de participation pour influencer les entreprises afin qu’elles aient un comportement éthique et respectent les droits de la personne et l’environnement, allant jusqu’à envisager de se retirer de certains placements si les entreprises refusent de modifier leurs pratiques.

– Rôle des Églises : comme Églises, nous reconnaissons nos contradictions internes et notre complicité en ce qui concerne l’extraction des ressources naturelles, et l’urgent besoin de pratiquer une consommation et une citoyenneté responsables. Par conséquent, en tant que croyants membres de congrégations d’églises locales, nous devons approfondir notre compréhension des questions théologiques, remettre en question nos styles de vie individuels et collectifs, élaborer un modèle de rechange et contester les pouvoirs politiques et économiques qui jouent un rôle déterminant dans l’industrie extractive. Cette conférence peut être une étape vers une expression claire, de la part des Églises, de la nécessité du changement.

À l’issue de cette rencontre, les participants s’engagent à poursuivre ce processus de réflexion et d’action dans le domaine de l’extraction des ressources naturelles, et invitent également les Églises canadiennes, tout comme celles du monde entier, à prendre la responsabilité de s’exprimer publiquement sur les questions et les préoccupations soulevées pendant la rencontre.

 

Conférence coparrainée par :
KAIROS : Initiatives canadiennes œcuméniques pour la justice
L’Aide de l’Église norvégienne
L’Église anglicane du Canada
L’Église chrétienne réformée en Amérique du Nord
L’Église Évangélique Luthérienne du Canada
L’Église presbytérienne au Canada
L’Église Unie du Canada
L’Organisation catholique canadienne pour le développement et la paix
La Conférence des évêques catholiques du Canada
La Conférence religieuse canadienne
La Société religieuse des amis (Quakers) du Canada
Le Comité central mennonite du Canada
Le Fonds du Primat pour le secours et le développement mondial
Le Forum des églises canadiennes pour les ministères globaux

 

Pour plus d’information, s’adresser à :

Connie Sorio

Coordonnatrice, Programme Partenariats en Asie

csorio@kairoscanada.org

(416) 463 5312, ext. 240

 

Ian Thomson

Coordinateur, Justice écologique et responsabilité sociale des entreprises

ithomson@kairoscanada.org

(613) 235 9956, ext. 222

 

 


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