Boîte à outils électorales de KAIROS 2025
Table des matières
Préoccupations et appels à l’action des piliers de KAIROS
Droits des autochtones
Justice écologique
Justice de genre
Justice pour les migrants
Jubilé 2025
Engager les candidats : Ce qu’il faut faire et ne pas faire
Questions à poser aux candidats
Droits des autochtones
Justice écologique
Justice de genre et responsabilités des entreprises
Justice de genre : Solidarité entre partenaires mondiaux et femmes, paix et sécurité
La paix en Israël et en Palestine
Justice pour les migrants
Jubilé 2025 : Annulation de la dette et réforme financière
Contexte
Les droits des autochtones au Canada
Justice écologique
Justice de genre et responsabilités des entreprises
Partenaire mondial solidarité & Femmes, paix et sécurité
La paix en Israël et en Palestine
Annulation de la dette et réforme financière
Justice pour les migrants
Ressources supplémentaires : Exposés poignants
Liste courtes des principales questions à poser aux candidats
Introduction
Les Canadiens se rendent aux urnes à lundi 28 avril. Les enjeux ne pourraient être plus élevés.
Le Canada est confronté à une agression économique et à des menaces contre sa souveraineté de la part de son puissant voisin, dont l’administration transforme rapidement le paysage sociopolitique mondial. Ces changements enhardissent les dirigeants, les régimes et les mouvements autoritaires, ce qui contribue à l’escalade de crises croisées telles que les guerres, les génocides, le changement climatique et la dégradation de l’environnement, le racisme, la pauvreté, les migrations et la violence fondée sur le genre.
Nous assistons à une augmentation des violations des droits humains, de l’impunité et de la militarisation sous couvert de “défense”, ainsi qu’à des réductions drastiques de l’aide internationale aux communautés touchées. Les organisations de la société civile voient leur espace opérationnel se réduire, tandis que les défenseurs des droits humains et les écologistes sont de plus en plus exposés à des agressions verbales et physiques, y compris des menaces de mort.
Au Canada, les travailleurs migrants, qu’ils soient ou non en situation régulière, restent exposés au risque d’exploitation et d’expulsion.
Les progrès réalisés par le Canada sur la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones restent malheureusement lents.
Au cours de cette élection, nous posons la question suivante : comment le Canada va-t-il relever ces défis mondiaux et internes?
KAIROS encourage les Canadiens comme vous à s’engager auprès des candidats sur des questions de justice essentielle. Les candidats n’entendent pas souvent parler de réconciliation, d’action climatique, d’aide internationale, d’annulation de la dette ou de droits des migrants sur le pas de leur porte. Cette trousse électorale donne un aperçu des principales préoccupations de KAIROS, des questions suggérées aux candidats, du contexte et des pratiques exemplaires pour un engagement efficace. Notre objectif est de favoriser des discussions significatives lorsque c’est possible et de s’assurer que les questions des droits humains et de la justice écologique soient au cœur de cette élection.
Préoccupations des piliers et appels à l’action de KAIROS
KAIROS se concentre sur la promotion des droits des autochtones et de la justice écologique, de genre et des migrants. En 2025, nous jouons également un rôle de premier plan dans la campagne canadienne Jubilé 2025 : Transformer la dette en espoir, qui se concentre sur l’annulation de la dette et la réforme financière, ainsi que sur la dette écologique détenue par des pays riches comme le Canada à l’égard des communautés autochtones et de nombreux pays du Sud. Informés par nos partenaires et les communautés touchées dans ces territoires et régions, nous plaidons pour que le Canada prenne les mesures suivantes:
Droits des autochtones
- Mettre pleinement en œuvre, dans les meilleurs délais, le plan d’action national des 231 appels à la justice de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
- Mettre en œuvre l’accord de 40 milliards de dollars conclu avec les groupes autochtones concernant le sous-financement systémique des services de protection de l’enfance.
- Mettre fin à tous les avis concernant l’eau potable dans les réserves des premières nations.
Écologique
- Prévoir une élimination progressive et équitable des combustibles fossiles et imposer un moratoire sur le développement de nouvelles infrastructures et de nouveaux combustibles fossiles.
- Investir dans une transition juste vers une société équitable et durable.
- Mettre en œuvre la feuille de route complète de la Coalition canadienne sur le changement climatique et le développement (C4D) pour le nouvel engagement financier du Canada en matière de climat pour la période 2026/27 à 2030/31.
Justice de genre
- Plaider et défendre les droits des femmes défenseures des droits humains et des droits fonciers, ainsi que les artisans de la paix.
- Adopter une législation solide sur la responsabilité des entreprises et mettre fin à l’exploitation extractiviste.
- Donner la priorité aux droits humains et écologiques dans tous les accords commerciaux.
- Augmenter le financement des organisations et des programmes de femmes menés au niveau local, en particulier les femmes bâtisseuses de paix qui s’attaquent aux problèmes du climat, des conflits et de l’inégalité de genre.
- Mettre pleinement en œuvre une politique étrangère féministe et financer la politique d’assistance internationale féministe.
Justice pour les migrants
- Reconnaître les travailleurs migrants qui fuient les situations d’urgence liées au climat dans leur pays d’origine comme des réfugiés climatiques plutôt que comme des “migrants économiques”.
- Mettre fin au programme des travailleurs étrangers temporaires et le remplacer par des voies d’accès à la résidence permanente en tant que stratégie principale pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre.
- Régulariser toutes les personnes sans papiers.
- Adresser les causes profondes du travail endetté, notamment la pauvreté, les déplacements climatiques et le manque d’opportunités économiques. On parle de travail endetté lorsqu’une personne est obligée de travailler sans rémunération pendant une période déterminée pour rembourser une dette.
Jubilé 2025
En 2025, KAIROS dirige la campagne canadienne Jubilé 2025 : Transformer la dette en espoir. Nous lançons un appel pour:
- L’annulation des dettes injustes et insoutenables.
- Réforme financière mondiale pour prévenir les crises futures.
- Un cadre de résolution de la dette au sein des Nations Unies qui soit transparent, contraignant et équitable.
Engager les candidats : A faire et à ne pas faire
L’engagement auprès des candidats peut se faire lors des réunions “Tous les candidats”, lors de rencontres individuelles, sur le pas de la porte ou par le biais de lettres et de courriels.
Lorsque vous vous engagez avec les candidats pendant les élections, n’oubliez pas que la plupart d’entre eux ne se concentreront pas sur des discussions politiques.approfondies et que très peu d’entre eux auront une compréhension profonde de toutes les questions qui importent aux habitants de leurs circonscriptions.
Cela dit, les questions que vous posez aux candidats les informent des sujets qui vous intéressent et qui sont importants pour vous. Les réponses à vos questions vous aideront à connaître leur niveau de connaissance et leur position sur ces sujets. Dans l’idéal, les candidats voudront peut-être en savoir plus, ce qui vous donnera l’occasion de poursuivre le dialogue. Si ce n’est pas le cas, vous aurez au moins attiré leur
attention sur ces questions. N’oubliez pas que des échanges respectueux sont un ingrédient nécessaire à l’établissement de relations fructueuses.
Voici quelques bonnes pratiques :
✅Faire :
- Soyez clair et concis dans vos questions et déclarations.
- Se concentrer sur les valeurs et les préoccupations communes pour trouver un terrain d’entente.
- Restez respectueux dans les discussions.
- Donner suite aux réponses des candidats en leur fournissant des informations complémentaires.
- Engager d’autres personnes – l’implication de la communauté amplifie l’impact.
- Demandez à votre organisation d’organiser ou de co-organiser une réunion de tous les candidats.
- Créez des panneaux de pelouse qui communiquent une question qui vous préoccupe : par exemple, Votez pour le climat.
- Faites savoir aux candidats combien de signatures vous avez recueillies pour la campagne Jubilé 2025 : Transformer la dette en espoir.
❌À ne pas faire :
- S’attendre à des discussions politiques approfondies: la plupart des candidats ne connaissent pas grand-chose à la question que vous soulevez et nombre d’entre eux s’en tiendront au programme de leur parti.
- Supposer que tous les candidats sont bien informés sur les questions internationales ou de justice sociale – éduquez-les si possible.
- Rejeter les candidats sur la base de leur appartenance à un parti – et ne pas s’engager de manière constructive.
- Utiliser un langage agressif ou conflictuel – cela se retourne contre vous.
- Tenter d’embarrasser un candidat en public.
Suggestions de questions à poser aux candidats
Voici quelques suggestions de questions à poser aux candidats. Nous commençons par des questions générales, suivies de questions plus spécifiques. Lisez-les et mettez en évidence celles que vous souhaitez poser en premier à votre candidat ou reportez-vous à la liste restreinte des meilleures questions de dernière page.
Entraînez-vous à poser vos questions et à partager vos points de vue avec un(e) ami(e) ou un membre de votre famille. Plus vous vous entraînerez, plus vous vous en souviendrez lorsqu’un candidat frappera à votre porte de manière inattendue.
Droits des autochtones :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour contribuer à la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada?
- Les dirigeants et les organisations autochtones, comme l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC), doivent être pleinement impliqués dans l’élaboration des politiques qui affectent leurs communautés. Comment veillerez-vous à ce que les nations, les organisations et les survivants autochtones participent de manière significative aux processus de prise de décision sur des questions essentielles, telles que l’avancement des 231 appels à la justice et la fin des avis à long terme sur la qualité de l’eau potable dans les réserves des premières nations?
- L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a publié 231 appels à la justice en 2019, mais les progrès ont été terriblement lents. Si vous êtes élu(e), quelles mesures concrètes prendrez-vous pour mettre pleinement en œuvre le plan d’action national et garantir la sécurité des femmes, des filles et des personnes de genre différent autochtones?
- Le gouvernement fédéral a conclu un accord de 40 milliards de dollars pour indemniser les familles autochtones et réformer le système de protection de l’enfance. Comment veillerez-vous à ce que ce règlement soit mis en œuvre rapidement et efficacement, et que ferez-vous pour prévenir de futures injustices à l’encontre des enfants autochtones?
- En 2015, le gouvernement fédéral a promis de mettre fin à tous les avis à long terme concernant l’eau potable dans les réserves des premières nations. Pourtant, de nombreuses communautés n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Quel est votre plan pour garantir une eau potable sûre et fiable à toutes les premières nations et comment allez-vous tenir le gouvernement responsable de cet engagement qui n’a que trop tardé?
Justice écologique :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour lutter contre le changement climatique et pour assurer une transition énergétique juste?
- Travaillerez-vous à l’augmentation du financement international du Canada pour le climat?
- Malgré l’augmentation des catastrophes liées au climat et les engagements pris pour réduire les émissions de carbone, le Canada continue d’accorder des milliards de dollars de financement public à des projets de combustibles fossiles. Si vous êtes élu, vous engagerez-vous à éliminer toutes les subventions aux combustibles fossiles, y compris les 7,3 milliards de dollars fournis par Exportation et développement Canada en 2023?
- Les travailleurs et les communautés ont besoin d’un soutien solide pour passer à une économie fondée sur les énergies propres. Comment ferez-vous en sorte que la loi sur les emplois durables soit financée de manière adéquate et que les politiques de transition juste accordent également la priorité à la souveraineté des peuples autochtones, aux jeunes adultes, aux communautés à faibles revenus et aux groupes marginalisés?
- Le Canada s’est engagé à verser 5,3 milliards de dollars au titre du financement de la lutte contre le changement climatique, mais il doit faire davantage pour soutenir les pays vulnérables. Vous engagez-vous à tripler cette promesse pour les cinq prochaines années et à faire en sorte que le financement de l’adaptation et des pertes et dommages soit fourni sous forme de subventions plutôt que sous forme de prêts générateurs de dettes?
- Pour atteindre son objectif de zéro émission nette, le Canada doit cesser d’approuver de nouveaux projets d’exploitation de combustibles fossiles et appliquer un plafond strict de pollution pour le pétrole et le gaz. Soutiendrez-vous l’interdiction de tout nouveau projet d’exploitation de combustibles fossiles et la mise en œuvre d’un plafond d’émissions strict, sans échappatoire pour l’industrie?
Justice de genre et responsabilité des entreprises:
- Si vous êtes élu(e), comment ferez-vous pour que les entreprises canadiennes travaillant à l’étranger ne contribuent pas aux violations des droits humains et à la destruction de l’environnement et qu’elles soient tenues de respecter des normes strictes en matière de droits humains et d’environnement.
- Que ferez-vous pour garantir que l’extraction des ressources au Canada n’augmente pas les violations des droits humains des peuples autochtones et des femmes, y compris la violence contre le corps et les moyens de subsistance des femmes et des filles?
- Les entreprises minières canadiennes continuent d’être liées à des violations des droits humains et à la destruction de l’environnement à l’étranger, ce qui nuit à la réputation du Canada à l’étranger. Si vous êtes élu, soutiendrez-vous une législation forte sur la responsabilité des entreprises?
- Le Canada promeut l’exploitation minière dans le cadre de la transition vers l’énergie verte, mais les communautés autochtones et rurales du monde entier, et en particulier les femmes de ces communautés, en supportent les coûts. Vous engagez-vous à mettre fin au soutien du gouvernement aux projets canadiens d’extraction de ressources qui violent les droits humains et la souveraineté des peuples autochtones, et à veiller à ce que les industries extractives respectent des normes strictes en matière d’environnement et de droits humains?
- Le projet d’accord de libre-échange entre le Canada et l’Équateur a suscité de vives inquiétudes quant à l’impunité des entreprises et aux menaces qui pèsent sur les communautés autochtones et rurales, en particulier les femmes. Allez-vous vous opposer aux dispositions relatives au règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE) dans les accords commerciaux et exiger des évaluations indépendantes de l’impact sur les droits humains avant que tout accord n’aille de l’avant.
Partenaire mondial solidarité & Femmes, paix et sécurité:
- Si vous êtes élu(e), renforcerez-vous la coopération et l’assistance internationales et assurerez-vous le soutien des organisations et des programmes de femmes menés au niveau local?
- La suppression du poste de ministre des femmes, de l’égalité des genres et de la jeunesse a suscité des inquiétudes quant à l’engagement du gouvernement fédéral à faire progresser la justice de genre. Si vous êtes élu(e), plaiderez-vous pour le rétablissement de ce poste afin de garantir un leadership dédié à l’équité de genre, et comment soutiendrez-vous les politiques qui protègent et font progresser les droits des femmes et des personnes de sexe différent?
- Les coupes sombres dans l’aide internationale, telle que l’ Agence américaine pour le développement international (AADI), mettent en danger les personnes vulnérables et compromettent la sécurité mondiale. Les initiatives efficaces de consolidation de la paix menées au niveau local sont réduites, ce qui met en péril la sécurité, la stabilité et le bien-être des communautés. La stabilité mondiale et la paix durable sont renforcées par l’investissement dans les femmes bâtisseuses de paix, la résilience climatique et la prévention des conflits au niveau local. L’aide internationale du Canada reste bien en deçà des engagements internationaux. Soutiendrez-vous l’augmentation de la coopération internationale du Canada pour atteindre la norme mondiale de 0,7% du revenu national brut – et donner la priorité à la justice entre les sexes et à la consolidation de la paix?
- Il existe de nombreuses preuves que la Politique d’aide internationale féministe (PAIF) du Canada conduit à un développement durable, juste et équitable et pourrait servir de base à une politique étrangère féministe qui intègre pleinement la justice autochtone et raciale, l’égalité de genre et les droits humains. Vous engagerez-vous à développer une politique étrangère féministe globale et intersectionnelle qui donne la priorité aux femmes bâtisseuses de paix et aux défenseurs des droits humains et qui ne permette pas aux intérêts des entreprises de saper ces principes?
- Les artisanes de la paix et les défenseuses du climat sont à l’avant-garde de la prévention des conflits et de l’adaptation au climat, mais elles restent sous-financées. Soutiendrez-vous la création d’un fonds des femmes pour l’adaptation climatique et ferez-vous en sorte qu’au moins 15% de l’aide internationale du Canada soutienne directement les organisations de défense des droits des femmes?
La paix en Israël et en Palestine :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour soutenir les droits humains, les droits internationaux et une paix juste et durable en Palestine et en Israël?
- Quelles initiatives diplomatiques spécifiques comptez-vous prendre pour que le Canada joue un rôle actif dans l’instauration d’un cessez-le-feu durable et soutenu, l’acheminement immédiat d’une aide humanitaire vitale et le respect des droits humains à Gaza?
- Que ferez-vous pour soutenir l’autodétermination palestinienne et mettre fin à l’occupation comme conditions d’une paix juste et durable dans la région?
- Le Canada a imposé des conséquences politiques et économiques à la Russie pour avoir violé les droits internationals en Ukraine, mais n’a pas pris de mesures similaires à l’encontre d’Israël pour son occupation illégale, son annexion et ses violations des droits humains des palestiniens. Soutiendrez-vous l’imposition de conséquences diplomatiques et économiques à Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international et mette fin à son occupation des terres palestiniennes?
- Le président Trump a proposé une prise de contrôle de Gaza par les États-Unis, tandis qu’Israël poursuit ses annexions illégales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Vous engagerez-vous à vous opposer publiquement à ces politiques coloniales, à faire pression sur le gouvernement canadien pour qu’il les rejette, et à défendre les principes des droits humains et des droits internationals en Palestine et en Israël?
Justice pour les migrants :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour soutenir les travailleurs migrants?
- Des millions de personnes sont déplacées par les catastrophes climatiques, mais le Canada ne reconnaît pas les migrants climatiques comme des réfugiés. Soutiendrez-vous la mise à jour de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) afin d’accorder une protection et des voies de résidence permanente aux personnes fuyant les déplacements liés au climat?
- Récemment, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes d’esclavage a déclaré que le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) du Canada était un “lieu propice” à l’esclavage moderne. Depuis des années, ce programme est largement critiqué parce qu’il systématise l’exploitation et empêche les travailleurs de se construire une vie stable au Canada. Vous engagez-vous à mettre fin au PTET et à le remplacer par des voies de résidence permanente pour tous les travailleurs migrants?
- Jusqu’à 500 000 personnes au Canada vivent sans statut, occupant souvent des emplois essentiels tout en étant exploitées et en étant constamment menacées d’expulsion. Allez-vous vous engager à mettre en place un programme de régularisation large et inclusif qui garantisse la résidence permanente à toutes les personnes sans papiers?
- De nombreux travailleurs migrants arrivent au Canada grevés d’une dette massive due à des frais de recrutement abusifs. Soutiendrez-vous une application plus stricte des normes internationales du travail afin d’éliminer les frais de recrutement et de s’attaquer aux causes profondes de la migration endettée, telles que la pauvreté et les déplacements climatiques?
Annulation de la dette et réforme financière :
- Si vous êtes élu(e), plaiderez-vous en faveur d’une réforme financière internationale et de l’annulation de la dette mondiale injuste?
- De nombreux pays à faible revenu consacrent plus d’argent au remboursement de leur dette qu’à des services essentiels tels que les soins de santé, l’éducation et la lutte contre le changement climatique. Soutiendrez-vous que le Canada annule les dettes injustes et insoutenables pour permettre à ces pays d’investir dans le bien-être de leur population et le développement durable?
- Le système financier mondial actuel privilégie souvent les intérêts des créanciers, ce qui entraîne des crises de la dette récurrentes dans les pays du Sud. Quelles mesures allez-vous préconiser pour réformer les institutions financières internationales et prévenir de futures crises de la dette, en veillant à ce qu’elles servent les populations et la planète plutôt que le profit?
- Les pays riches et les entreprises, y compris le Canada et les entreprises canadiennes, ont historiquement exploité les ressources des pays du Sud et des communautés autochtones, ce qui a entraîné une dégradation de l’environnement et des violations des droits humains. Reconnaissez-vous cette dette écologique et quelles mesures comptez-vous prendre pour garantir la restitution et le soutien aux communautés concernées?
Contexte
Les droits des autochtones au Canada
Malgré des années d’engagement en faveur de la réconciliation et des droits des peuples autochtones, le Canada ne parvient toujours pas à apporter des changements significatifs. Si des progrès ont été accomplis dans certains domaines, de nombreuses questions essentielles restent en suspens, ce qui souligne la nécessité d’un plaidoyer soutenu et d’une responsabilisation des gouvernements.
Un exemple flagrant est la lenteur de la réponse aux 231 appels à la justice de l’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Seuls deux de ces appels ont été pleinement mis en œuvre. Le gouvernement fédéral n’a pas encore mis en œuvre son plan d’action national, ne s’attaquant pas de manière adéquate et urgente à la violence systémique contre les femmes, les filles et les personnes 2SLGBTQIA+ autochtones.
Le sous-financement chronique des services de protection de l’enfance des premières nations est une autre préoccupation urgente. L’Assemblée des Premières Nations a rejeté la proposition de règlement pour une réforme à long terme en 2024, citant un financement inadéquat et des accords défectueux. Le fait que le gouvernement tarde à s’attaquer pleinement à ces questions ne fait qu’exacerber la crise à laquelle sont confrontés les enfants et les familles autochtones.
L’accès à l’eau potable reste également un défi important. Bien que certains progrès aient été réalisés, 31 long terme avis à concernant l’eau potable dans les réserves des premières nations persistent, certains depuis des décennies. Des solutions significatives et durables nécessitent un financement adéquat et des investissements dans les infrastructures, mais les efforts des gouvernements restent insuffisants.
Des progrès ont été réalisés depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel. Après des années de plaidoyer, le gouvernement fédéral a adopté – en 2021 – le projet de loi C-15, la loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA). Cette loi exige que les lois canadiennes s’alignent sur les principes de la DNUDPA. Cependant, le gouvernement doit encore mettre pleinement en œuvre un plan d’action pour faire respecter les droits des autochtones de manière significative.
Lors des élections fédérales, nous encourageons les électeurs à exhorter les candidats à prendre des mesures sur ces questions essentielles. La réconciliation exige plus que des mots – elle exige des comptes, des ressources et un véritable engagement en faveur de la justice pour les peuples autochtones.
Justice écologique
Au cours des dernières années, le Canada a pris quelques mesures en faveur de la justice écologique, mais d’importantes contradictions subsistent. Alors que des projets de loi ont été adoptés pour soutenir la justice environnementale et une transition juste, le gouvernement fédéral continue de financer et d’approuver des projets de combustibles fossiles, sapant ainsi ses engagements en matière de climat.
En 2024, le projet de loi C-226, la première loi sur le racisme environnemental et la justice environnementale, canadienne a été adopté après une décennie de plaidoyer de la part des communautés autochtones et racialisées. KAIROS continuera de surveiller sa mise en œuvre.
La même année, le projet de loi C-50, la Loi canadienne sur l’emploi durable, est devenu une loi, décrivant des mesures visant à créer des emplois durables et à s’orienter vers une économie nette zéro. Toutefois, le projet de loi présente des faiblesses, notamment l’absence de protections solides des droits des populations autochtones et le recours à des technologies non éprouvées telles que le captage et le stockage du carbone, que les détracteurs qualifient de fausse solution.
Le Canada reste l’un des principaux bailleurs de fonds des projets de combustibles fossiles dans le monde. Un rapport de mars 2024 a révélé que pour la seule année 2023, le gouvernement fédéral a fourni au moins 18,6 milliards de dollars de soutien aux industries des combustibles fossiles et de la pétrochimie. Ce montant comprend 8 milliards de dollars garanties de prêt pour l’expansion du pipeline Trans Mountain (TMX), qui a commencé à fonctionner en mai 2024. Au début de l’année 2025, le gouvernement a débloqué 20 milliards de dollars supplémentaires en garanties de prêt, rompant ainsi la promesse faite en 2022 de mettre fin au financement public du TMX.
Le Canada n’a pas encore approuvé le traité de non-prolifération des combustibles fossiles, même si 16 nations et 129 villes dans le monde, dont 17 municipalités canadiennes, soutiennent l’initiative.
En 2022, le Canada a joué un rôle clé lors de la COP27 dans la mise en place d’un Fonds mondial pour les pertes et dommages afin d’indemniser les pays vulnérables victimes de catastrophes climatiques. Toutefois, les engagements financiers du Canada en faveur de ce fonds et des efforts mondiaux d’atténuation et d’adaptation restent insuffisants. Les électeurs pourraient pousser les candidats à prendre des mesures concrètes, au-delà des arguties sur la tarification du carbone. Le Canada ne peut pas prétendre être un leader en matière de climat tout en développant des projets liés aux combustibles fossiles. Il est temps d’adopter des politiques audacieuses qui donnent la priorité à la justice, à la durabilité et à un avenir vivable pour tous.
Justice de genre et responsabilité des entreprises
Pendant des décennies, le Canada a résisté à l’idée d’obliger les entreprises à rendre compte des violations des droits humains et de l’environnement commises par des sociétés canadiennes opérant à l’étranger. En dépit d’un plaidoyer persistant, le gouvernement fédéral n’a pas réussi à adopter une législation essentielle pour réglementer les activités des entreprises et protéger les communautés touchées, en particulier les femmes autochtones et rurales des pays du Sud.
Deux projets de loi privés importants – les projets de loi C-262 et C-263, déposés en 2022 à la chambre des communes, n’ont pas franchi l’étape de la première lecture. Ces projets de loi auraient mis en œuvre la diligence raisonnable obligatoire en matière de droits humains et d’environnement (DRODHE) et donné au ombudsman canadien pour les entreprises responsables (OCER) la capacité d’enquêter sur les fautes commises par les entreprises. Sans ces mesures, les entreprises canadiennes n’ont guère de comptes à rendre sur la destruction de l’environnement, le travail forcé, les violations des droits des autochtones, l’augmentation de la violence sexiste et les attaques contre les défenseurs des droits humains et de l’environnement.
En 2024, des femmes autochtones et rurales de l’Équateur se sont rendues au Canada pour la tournée “Pourquoi nous disons non !”. Elles ont demandé au gouvernement fédéral de respecter le principe du consentement préalable, libre et éclairé (CPLE) dans les accords commerciaux et de rejeter les dispositions relatives au règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE). Ils ont exposé les effets néfastes des opérations minières canadiennes sur leurs communautés, en particulier sur les femmes autochtones.
Pendant ce temps, le Canada continue de promouvoir l’exploitation minière dans le cadre de la transition vers l’énergie “propre”, sans exiger des entreprises qu’elles rendent des comptes. Les communautés d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie supportent les coûts environnementaux et sociaux de l’extraction des ressources, tandis que les entreprises canadiennes tirent profit de ces activités sans aucune surveillance ni obligation de rendre des comptes. Ces préjudices sont un exemple de la dette écologique du Canada à l’égard des pays du Sud.
Nous encourageons les électeurs à exiger des lois plus strictes sur la responsabilité des entreprises, y compris des réglementations contraignantes en matière de droits humains, des normes environnementales et un OCER habilité. Le Canada ne peut prétendre se faire le champion du genre, de la justice écologique et des droits humains tout en soutenant les industries extractives qui exploitent et mettent en danger les populations qu’il prétend protéger.
Justice de genre: Solidarité mondiale des partenaires et femmes, paix et sécurité
La Politique d’aide internationale féministe (PAIF) du Canada est innovante et efficace pour soutenir un développement durable, équitable et juste. Il est amplement démontré que le soutien aux organisations des femmes locales en matière de consolidation de la paix, de droits humains et d’adaptation au changement climatique a des effets durables et ne nécessite que des ressources minimales. Pourtant, l’engagement et le financement du Canada en faveur de l’aide internationale féministe et de la consolidation de la paix restent insuffisants, ne fournissant pas les ressources nécessaires pour soutenir les femmes qui œuvrent à la consolidation de la paix et les organisations locales afin qu’elles réalisent leur potentiel. Alors que le gouvernement fédéral parle de faire progresser la justice de genre et les droits humainsil pourrait faire beaucoup plus. Ce potentiel perdu est évident dans le budget 2024 du Canada. Le Canada a augmenté l’aide humanitaire de 350 millions de dollars en deux ans, mais l’ensemble de son aide publique au développement (APD) reste bien en deçà de la norme internationale de 0,7 % du revenu national brut. Seule une petite partie de l’APD est consacrée à des initiatives locales en faveur des droits des femmes et de la consolidation de la paix.
Le programme Femmes de courage: “Femmes, paix et sécurité” (2018-2024) est une preuve supplémentaire qu’investir dans les femmes bâtisseuses de paix est plus qu’une décision morale, c’est aussi une décision efficace.
Le Canada ne doit pas laisser les pressions économiques justifier la négligence de ses engagements en matière d’aide internationale, en particulier après le gel de l’AADI par l’administration de Trump. La stabilité mondiale repose sur une paix inclusive et durable. Donner la priorité aux femmes bâtisseuses de paix, à la résilience climatique et à la prévention des conflits à la base est la clé de la sécurité à long terme.
L’accent mis par le gouvernement sur les partenariats avec le secteur privé dans le cadre de l’aide internationale est également alarmant. Si les entreprises peuvent jouer un rôle, les industries extractives – y compris les sociétés minières canadiennes – violent souvent les droits humains et déplacent les communautés, ce qui affecte particulièrement les femmes et les défenseurs des terres autochtones. En l’absence de lois fortes sur la responsabilité des entreprises, le Canada risque de compromettre ses propres engagements en matière de politique étrangère féministe.
Autre fait préoccupant, le poste de ministre des femmes, de l’égalité genre et de la jeunesse a été supprimé – pour la première fois en plus de 50 ans – lors d’une récente restructuration du cabinet. Les responsabilités de femmes et égalité genre Canada ont été réattribuées au ministre de la Culture et de l’Identité canadienne.
Cette décision a suscité de vives inquiétudes parmi les groupes de défense des droits. Plus de 200 organisations féministes, dont KAIROS, ont critiqué cette décision, déclarant que la consolidation de ces responsabilités dans un portefeuille plus large nuit à la concentration, à l’expertise et aux ressources nécessaires pour s’attaquer efficacement aux problèmes systémiques.
Les critiques soutiennent que l’absence d’un ministre dédié peut priver de priorité les initiatives en matière d’égalité de genre, ce qui pourrait entraver les progrès sur des questions telles que l’écart salarial de genre, le harcèlement sur le lieu de travail et la violence à l’encontre des femmes et des personnes issues de la diversité des genres.
Cette décision a également des implications économiques. Les études montrent invariablement que lorsque les femmes sont autonomes – grâce à l’égalité des salaires, à la participation à la main-d’œuvre et aux possibilités de leadership – les économies se renforcent. L’égalité de genre stimule la productivité, augmente les revenus des ménages et renforce la résilience économique globale. L’absence d’un ministre compétent pourrait entraver les progrès du Canada dans la construction d’une économie inclusive et prospère.
KAIROS se joint à d’autres groupes de défense des droits pour exhorter le futur premier ministre à reconsidérer cette décision et à rétablir un poste ministériel dédié afin de garantir une attention et un leadership soutenus sur les questions d’égalité de genre.
Nous encourageons les électeurs à demander aux candidats de reconnaître que la paix effective et le bien-être socio-économique se construisent par la diplomatie, le développement, l’autonomisation de la base et le soutien aux bâtisseurs de paix locaux, en particulier les femmes. Le Canada doit réintégrer le ministre de Femmes et Égalité des genres Canada (FEEG), augmenter le financement direct des femmes bâtisseuses de paix, respecter ses engagements en matière d’aide internationale et veiller à ce que sa politique étrangère respecte la justice, l’équité et les droits humains.
Israël et Palestine
Depuis le 7 octobre 2023, la communauté œcuménique du Canada, sous la direction de KAIROS, s’efforce activement de répondre à l’escalade du conflit entre Israël et le Hamas, en mettant l’accent sur la paix et la justice au Moyen-Orient.
Ce plaidoyer sur des partenariats à long terme avec des églises, des organisations de développement et des organisations de défense des droits humains en Palestine et en Israël. Ces partenaires risquent quotidiennement leur vie pour maintenir l’objectif d’une paix dans la dignité et la justice pour tous les Palestiniens et tous les Israéliens. Ces partenaires comprennent des femmes bâtisseuses de paix qui continuent à travailler pour créer les conditions d’une paix inclusive, juste et durable dans leurs communautés.
KAIROS, en collaboration avec ses églises membres, a dirigé le Pèlerinage pour le cessez-le-feu à Gaza : Les églises canadiennes pour une paix juste en 2024. Dans le cadre de cet effort national, des participants de 150 congrégations ont collectivement marché ou roulé sur plus de 10 000 kilomètres, cartographiant symboliquement la longueur de la bande de Gaza sur leurs propres villes. Le pèlerinage visait à sensibiliser la population et à plaider en faveur de la paix:
- Cessez-le-feu durable et soutenu.
- L’acheminement immédiat de nourriture, d’eau, d’aide, de carburant et d’assistance humanitaire permettant de sauver des vies.
- Libération de tous les captifs.
- Mettre fin à tous les transferts d’armes vers Israël.
- Fin de l’occupation pour qu’une paix juste puisse commencer.
Après 15 mois de guerre implacable et de souffrances humaines inimaginables, un cessez-le-feu a été déclaré en janvier 2025. KAIROS, des responsables d’églises et des chefs d’agences ecclésiales se sont à nouveau réunis pour signer une déclaration œcuménique le 5 mars en solidarité avec les partenaires palestiniens et israéliens, appelant la communauté internationale à tenir Israël et le Hamas pour responsables de leurs violations du droit international. Consternée par les déclarations de l’administration de Trump soutenant le nettoyage ethnique et de nouveaux déplacements forcés à Gaza, cette déclaration œcuménique exhorte tous les Canadiens à agir en faveur des droits humains et de la dignité de tous les Palestiniens et de tous les Israéliens, et à s’opposer aux violations continues de leurs droits juridiques, civils et humains par le gouvernement israélien et ses alliés.
Le 18 mars, Israël a repris ses frappes aériennes, qui ont tué plus de 400 personnes, et a promis d’autres frappes.
Pour en savoir plus sur les réponses œcuméniques à la guerre entre Israël et le Hamas, consultez le site Just Peace in the Middle East Hub (Centre pour une paix juste au Moyen-Orient.).
Jubilé 2025 – Annulation de la dette et réforme financière
Les pays du Sud et les communautés autochtones sont confrontés à une crise de la dette dévastatrice, de nombreuses nations consacrant davantage de ressources au remboursement de la dette qu’aux soins de santé, à l’éducation ou à l’action climatique.
L’annulation de la dette et la réforme financière systémique ne sont pas seulement des solutions économiques ; elles constituent un impératif moral enraciné dans le principe théologique de la justice pour tous.
Jubilé 2025 est une initiative œcuménique mondiale qui s’appuie sur le succès transformateur de Jubilé 2000, qui a annulé 100 milliards de dollars de dette pour 36 pays à faible revenu.. La campagne Jubilé 2025 de KAIROS met l’accent sur la justice écologique et le besoin urgent de s’adresser à la dette écologique – l’exploitation des ressources et des terres dans les pays du Sud et dans les communautés autochtones du monde entier. En amplifiant les voix autochtones, la campagne appelle à la restitution des terres, à la justice climatique et à la transformation des systèmes d’exploitation pour défendre la dignité, l’équité et le développement durable pour tous.
KAIROS et ses partenaires œcuméniques demandent au Canada et aux créanciers privés d’annuler les dettes injustes, de prévenir les cycles futurs d’endettement insoutenable et d’établir un mécanisme de résolution de la dette au sein des Nations Unies.
Les Canadiens sont encouragés à contribuer à l’émergence d’une volonté politique en faveur de ces demandes en signant la pétition “Jubilé 2025”! Notre objectif est de recueillir 100 000 signatures au Canada et 10 millions dans le monde entier d’ici la fin de l’année 2025.
Justice pour les migrants
Le système d’immigration du Canada continue de marginaliser les travailleurs migrants et les personnes sans papiers, en donnant la priorité aux intérêts politiques et commerciaux plutôt qu’aux droits humains. Malgré leur contribution essentielle à l’économie canadienne, les travailleurs migrants sont confrontés à des politiques gouvernementales qui renforcent l’exploitation, l’exclusion et la précarité.
Le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) reste un système profondément défectueux qui permet des abus de travail généralisés, le vol de salaire et des conditions de travail dangereuses. En 2023, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage a condamné PTET en le qualifiant de “terreau” de l’esclavage moderne, mais le gouvernement fédéral refuse de le remplacer par un système plus juste. Au lieu de cela, les récents changements de politique ont aggravé les conditions, en limitant les permis de travail des conjoints pour de nombreux travailleurs migrants et en n’appliquant pas des pratiques de recrutement équitables. Pendant ce temps, jusqu’à 500 000 personnes au Canada restent sans papiers, forcées de vivre dans la crainte d’être expulsées tout en contribuant à la vie des communautés et des lieux de travail. Le gouvernement n’a pas tenu sa promesse de créer un programme de régularisation, laissant des milliers de personnes vulnérables à l’exploitation. Les expulsions se poursuivent à un rythme alarmant, en contradiction avec les engagements du Canada en matière de droits humains.
Les travailleurs migrants sont également confrontés à l’insécurité du logement, car les logements fournis par les employeurs sont souvent surpeuplés, peu sûrs et non réglementés. Plutôt que de s’attaquer à ces problèmes, les représentants du gouvernement ont fait des migrants les boucs émissaires de la crise du logement au Canada, alimentant ainsi un sentiment anti-immigrant injuste.
En outre, le Canada n’a pas encore reconnu les déplacements induits par le climat dans ses politiques d’immigration. Alors que des événements climatiques extrêmes forcent des millions de personnes à quitter leur foyer dans le monde entier, KAIROS appelle le Canada à reconnaître les réfugiés climatiques et à créer des voies d’accès pour leur protection.
Nous appelons les électeurs à exiger un système d’immigration fondé sur la justice et la dignité. Le Canada doit mettre fin au PTET, régulariser les personnes sans papiers, accorder aux travailleurs migrants le statut de résident permanent dès leur arrivée et reconnaître officiellement les réfugiés climatiques. Un Canada vraiment juste accueille et protège tous ceux qui l’appellent chez eux.
Conclusion
Les élections fédérales de 2025 sont une occasion cruciale de faire de la justice sociale et écologique une priorité. En nous engageant de manière significative auprès des candidats, nous pouvons contribuer à faire avancer les politiques qui reflètent notre vision d’un avenir juste et durable. Profitons de cette élection pour plaider en faveur d’un monde meilleur!
Ressources complémentaires
Des questions sur le vote et d’autres sujets liés aux élections ? Visitez le site web d’Élections Canada.
Comment inciter les candidats à soutenir l’aide internationale et les appels à l’action du Jubilé alors que les Canadiens s’inquiètent des menaces américaines? Nous avons créé deux causeries poingnants – des déclarations courtes et puissantes conçues pour transmettre rapidement des messages clés. Elles sont particulièrement efficaces lorsqu’elles sont lues à haute voix plusieurs fois pour vous aider à vous adresser aux candidats ou à d’autres personnes.
Exposés Poignants : l’assistance internationale est plus importante que jamais
Le Canada est confronté à des menaces économiques et existentielles sans précédent, qu’il s’agisse du changement climatique, de l’instabilité mondiale ou de la montée de l’autoritarisme. Le monde est de moins en moins sûr, mais le repli sur soi n’est pas la solution. Investir dans l’aide internationale, c’est investir dans la sécurité, la prospérité et le leadership du Canada. C’est aussi un investissement dans un monde et un avenir plus pacifiques, durables et équitables.
Il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle. Le Canada ne s’appauvrit pas en soutenant le développement mondial. En tant d’être un pays riche, il dispose des ressources nécessaires pour faire les deux. Il est également dans son intérêt de le faire. L’aide internationale contribue à créer un monde plus stable, plus équitable, plus durable et plus prospère, en réduisant les conditions qui conduisent à la guerre, aux migrations forcées, aux violations des droits humains et aux crises économiques et climatiques qui, en fin de compte, nous affectent tous.
L’aide renforce la solidarité mondiale. Alors que l’autoritarisme se répand et que les violations des droits humains augmentent, le Canada doit se tenir aux côtés de ceux qui œuvrent pour garantir et maintenir la paix, la justice et la démocratie. Les organisations de la société civile et les artisans de la paix au niveau local – en particulier les initiatives dirigées par des femmes – sont de plus en plus menacés, alors qu’ils demeurent la force la plus efficace pour une paix et une résilience durables.
Le leadership du Canada est en jeu. L’arrêt immédiat de l’AADI par l’administration de Trump a eu un impact dévastateur sur des millions de personnes vivant dans des communautés vulnérables à travers le monde. En réponse, le Royaume-Uni et plusieurs autres pays européens ont réduit l’aide au développement pour financer les budgets militaires. Ce recul de la solidarité mondiale laisse les communautés à risque sans soutien et aggrave l’instabilité mondiale. Le Canada a l’occasion – et la responsabilité – d’intervenir là où d’autres reculent.
Les femmes qui œuvrent à la construction de la paix et les organisations de base doivent être prioritaires. La Politique d’aide internationale féministe (PAIF) du Canada est innovante mais insuffisamment financée. Il est prouvé que le soutien aux organisations des femmes locales en matière de consolidation de la paix, de droits humains et d’adaptation au climat a un impact durable avec des ressources minimales. Le programme Femmes de courage de KAIROS : Femmes, la paix et la securité (2018-2024), soutenu par le Canada et des donateurs canadiens, démontre que lorsque des organisations locales dirigées par des femmes offrent aux femmes touchées par un conflit un soutien psychosocial et juridique, ainsi qu’une formation aux droits humains, elles deviennent des bâtisseuses de paix efficaces.
Alors que les crises mondiales s’intensifient, un avenir sûr dépend de la diplomatie, de l’autonomisation de la construction de la paix au niveau local et d’un engagement ferme en faveur de la justice et de l’équité. Le Canada doit augmenter le financement direct des femmes qui œuvrent pour la paix, respecter ses engagements en matière d’aide, à
savoir 0,7 % du revenu national brut, et montrer l’exemple en construisant un monde plus juste et plus pacifique.
Discussion poignante : L’annulation de la dette est importante en temps de crise
Question : Le Canada est confronté à une menace existentielle. Pourquoi l’annulation de la dette est-elle importante aujourd’hui?
Réponse : Le Canada est confronté à une menace existentielle immédiate posée par les tarifs douaniers américains et les propos du président Trump sur l’annexion. En ce moment d’incertitude, notre réponse doit être une réponse de solidarité, de résilience, d’unité et de leadership mondial. L’isolement mondial n’est pas une option.
La sécurité mondiale dépend de la stabilité économique. Lorsque les pays croulent sous les dettes, ils ne peuvent pas investir dans les soins de santé, l’éducation ou l’action climatique, ce qui les rend vulnérables à l’exploitation et à l’instabilité. Les prêteurs imposent souvent des politiques économiques qui profitent aux intérêts étrangers plutôt qu’aux besoins locaux. Enfin, une dette élevée oblige souvent les pays à exploiter leurs ressources pour la rembourser, ce qui nuit à l’environnement local. Sans justice en matière de dette, de nombreux pays restent piégés dans des cycles de dépendance, incapables d’investir dans leur propre développement et leur propre bien-être environnemental. Tout comme le Canada cherche à éviter l’instabilité économique (et à maintenir sa souveraineté, nous devons aider d’autres pays à se libérer d’une dette injuste qui menace leur bien-être économique et leur indépendance. Pour cela, il faut des systèmes financiers équitables qui libèrent les nations d’une dette injuste et insoutenable.
En outre, la possibilité pour les pays du Sud de ne pas rembourser leur dette menace de déstabiliser l’économie mondiale, ce qui rend l’annulation de la dette mutuellement bénéfique pour les pays du Nord.
La solidarité mondiale est la clé de la résilience. Un monde où les nations prospèrent ensemble est plus fort qu’un monde dominé par l’agression économique et militaire. En annulant les dettes injustes et en empêchant les prêts prédateurs, le Canada peut construire des alliances qui protègent nos valeurs démocratiques communes et notre sécurité.
La résilience consiste à faire passer les personnes et la planète avant le profit. Les politiques motivées par le profit et l’égoïsme entraînent la destruction du climat, l’instabilité politique et l’effondrement économique. La justice en matière de dette est une étape essentielle pour que les nations se donnent les moyens d’investir dans leur avenir.
Il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle. La dette bilatérale du Canada est estimée à 8,63 milliards de dollars canadiens et cette dette n’est pas considérée comme injuste dans sa totalité. Si le Canada annule les dettes injustes et insoutenables qui lui sont dues – tout en jouant un rôle de premier plan dans la promotion de la réforme financière internationale – cela ne signifie pas qu’il s’appauvrit pour autant. Au contraire, cela renforce la stabilité mondiale, favorise les partenariats économiques, améliore les droits humains et l’équité, et crée un monde plus résilient, ce qui profitera au Canada à long terme.
Les Canadiens sont solidaires les uns des autres et reconnaissent la nécessité de faire de même au-delà de nos frontières. Nous sommes plus forts lorsque nous nous associons à des alliés qui donnent la priorité aux personnes et à la planète plutôt qu’au profit et qui réaffirment notre humanité commune.
Le Canada doit montrer la voie. En annulant les dettes injustes qui nous sont dues et en travaillant avec des partenaires mondiaux pour créer un système de résolution de la dette équitable et transparent au sein des Nations Unies, nous faisons preuve d’une véritable résilience, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour le monde entier. Face à des menaces existentielles, nous ne pouvons pas reculer, nous devons agir. L’annulation de la dette n’est pas de la charité. C’est de la justice. C’est la sécurité. C’est la voie vers un Canada plus résilient.
KAIROS : Initiatives œcuméniques canadiennes pour la justice
BUREAU DE TORONTO80 Hayden Street | Suite 400 Toronto, ON M4Y 3G2
416.463.5312 | Sans frais: 1.877.403.8933
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Vous avez des questions? Communiquez avec Cheryl McNamara: Cheryl McNamara, coordonnatrice des communications et de la défense des droits, KAIROS Canada
cmcnamara@kairoscanada.org
KAIROS est une organisation de justice sociale qui regroupe dix Églises canadiennes et des organisations religieuses. Nous sommes des Autochtones, des colons et des nouveaux arrivants au Canada qui travaillent avec des gens de foi ou de conscience, partout dans le monde, pour la justice écologique et les droits humains. Nous débattons sur des enjeux communs, nous militons pour le changement social et nous nous joignons à des gens de foi et de bonne volonté afin d’agir pour la transformation sociale.
KAIROS reconnaît que le bureau de Toronto se trouve sur le territoire traditionnel des peuples autochtones Huron-Wendat, Seneca et Mississaugas de la Credit.
Liste courte des principales questions à poser aux candidats
Imprimez cette page et gardez-la à portée de main sur le réfrigérateur ou près de la porte, pour le cas où un candidat se présenterait à votre porte. Décidez à l’avance quelles sont vos trois principales questions.
Droits des autochtones :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour contribuer à la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada?
Justice écologique :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour lutter contre le changement climatique et pour assurer une transition énergétique juste?
- Si vous êtes élu(e), vous efforcerez-vous d’accroître le financement international du Canada en faveur du climat?
Justice de genre et responsabilité des entreprises :
- Si vous êtes élu(e), comment ferez-vous pour que les entreprises canadiennes qui travaillent à l’étranger ne contribuent pas à la violation des droits humains et à la destruction de l’environnement et qu’elles soient tenues de respecter des normes strictes en matière de droits humains et d’environnement?
Partenaire mondial solidarité & Femmes, paix et sécurité:
- Si vous êtes élu(e), renforcerez-vous la coopération et l’assistance internationales et assurerez-vous le soutien des organisations et des programmes de femmes menés au niveau local?
La paix en Israël et en Palestine :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour soutenir les droits humains, les droits internationals et une paix juste et durable en Palestine et en Israël ?
- Quelles initiatives diplomatiques spécifiques comptez-vous prendre pour que le Canada joue un rôle actif dans l’instauration d’un cessez-le-feu durable et soutenu, l’acheminement immédiat d’une aide humanitaire vitale et le respect des droits humains à Gaza?
Annulation de la dette et réforme financière :
- Si vous êtes élu(e), plaiderez-vous en faveur d’une réforme financière internationale et de l’annulation de la dette mondiale injuste?
Justice pour les migrants :
- Si vous êtes élu(e), que ferez-vous pour soutenir les travailleurs migrants?