Réflexion Spirituelle: Manifestation de gloire


Sun shine behind woman

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Dans son étymologie grecque, épiphanie a plusieurs significations quelque peu différentes. Celle que je retiens cette année pour cette lecture du lectionnaire est celle de « manifestation de gloire». Et, en effet, quelle glorieuse manifestation nous est présentée! Nous devons d’abord jeter un peu d’éclairage sur les textes menant à Isaïe 60:1. Alors que nous quittons les chapitres précédents vers le chapitre 60, nous remarquons une transformation vers la lumière. L’obscurité et le désespoir sont « transfigurés » en lumière et en gloire. La première phrase annonce l’aube surgissant soudainement des nuages, illuminant toute chose d’une lumière radieuse. Comme au premier jour de la création, la lumière et les ténèbres sont totalement séparées l’une de l’autre. Ceux qui rentrent d’exil vivront cela comme une entrée dans la lumière, et cette lumière est « la gloire de Dieu ».

La lumière peut se présenter de surprenantes façons – des lucioles dans la nuit, la bioluminescence du plancton, même les roches luisent sous certaines conditions. On peut trouver de la lumière dans les endroits les plus inattendus. Pensez à toutes les fois où il est question de « la gloire de Dieu » dans la Bible : du buisson ardent qui parlait à Moïse à la colonne de feu qui guidait les Israélites dans le désert; du feu au sommet du mont Sinaï à la cité de Dieu que Jean décrit dans l’Apocalypse 21:11. Ce qu’il y a de formidable avec la lumière c’est que la noirceur ne peut pas la vaincre. La lueur d’une chandelle peut se voir dans l’obscurité la plus sombre, là où nous avons le plus besoin d’elle, là où nous devons aller… nous ne fuyons pas ce qui est difficile, ce qui est morne et ennuyeux, non, en cette saison de l’Épiphanie, nous sommes appelés à entrer dans les ténèbres pour y apporter la lumière. L’Épiphanie nous parle d’une manifestation – d’apporter la lumière là où il n’y en avait pas auparavant.

Quelle expérience avez-vous de la lumière? Est-ce comme le phare de Peggy’s Cove qui me permet de garder le cap lorsque je navigue? La lumière n’est qu’une autre forme d’énergie. Est-ce que la lumière de l’Épiphanie vous remplit d’énergie? Nous avons tous notre manière d’expérimenter la lumière. L’étoile des rois mages les a guidés de sa lumière. Pour les bergers, c’était la gloire du Seigneur qui brillait autour d’eux. Les rabbins des temps anciens lui donnaient un nom – « Shekhinah » – la présence divine ressentie sur terre par la splendeur de l’étoile de Bethléem ou par la lumière éblouissante sur le mont de la transfiguration. Voilà de quoi nous parle l’Épiphanie.

De très nombreuses lumières se sont révélées dans nos ténèbres… elles ont même des noms, comme Greta Thunberg. Ou Stella Bowles, qui a obtenu la première place dans son groupe d’âge pour les prix internationaux des jeunes Éco-Héros (International Young Eco-Hero Awards), pour son engagement à protéger l’eau des rivières en Nouvelle-Écosse. Elles sont souvent jeunes, comme Vanessa Gray, une jeune militante autochtone et protectrice de l’eau de la Première Nation Aamjiwnaang. Ou la militante Autumn Peltier de la Première Nation Wiikwemkoong, qui s’est adressée à des centaines de personnes aux Nations Unies pour convaincre la communauté internationale de respecter le caractère sacré et l’importance de l’eau. Ou encore de la militante Vanessa Nakate, de l’Ouganda, qui nous rappelle que « Chaque voix compte. Chaque histoire mérite d’être entendue. Chacune des solutions proposées est importante dans la lutte contre les changements climatiques ». Par leurs messages et leurs actions, elles font partie de mouvements à l’échelle de leurs pays, de leurs continents et du monde entier. La lumière devient éblouissante quand jeunes et vieux adhèrent à la nécessité de saisir le moment. « Kairos » signifie le temps, l’épiphanie parle aussi du temps, le temps de se manifester. Par l’expression « Carpe Diem », nous sommes tous invités à tirer le meilleur parti du moment présent, à le saisir pour accueillir un avenir meilleur. Que signifie une heure sur terre, ou même une journée sur terre, face à l’exploitation, à l’extraction et à une économie insatiable? Nous pouvons penser que les petites choses que l’on dit ou que l’on fait, les petits gestes de justice et de miséricorde, les gestes quotidiens d’amour et de gentillesse sont sans importance, qu’ils ne comptent pas. Nous pouvons penser que notre participation à des marches, l’envoi de lettres à des politiciens et autres autorités, les manifestations contre la pollution de l’eau, nos questionnements sur le dernier mégaprojet visant à extraire encore plus de pétrole, ne font pas grand-chose pour la justice écologique. Nous pouvons nous sentir impuissants, jusqu’à ce que nous réalisions que nous sommes cet important rayon de lumière qui, mis ensemble avec de nombreux autres, devient un projecteur puissant qui illumine notre monde et son écosystème et crée la bonne nouvelle qui brille avec éclat.

Pour l’amour du ciel (disons plutôt pour l’amour de la terre), levez vos yeux et regardez. Ce que vous pourriez voir vous éblouira, mais, espérons-le, ne saura vous désorienter! Que votre lumière brille devant les autres, de telle sorte qu’ils voient… »


Kenn Stright, retraité après plus de 40 ans de ministère à l’Église presbytérienne du Canada, vit sur la côte de Petpeswick Inlet en Nouvelle-Écosse. Kenn s’adonne à ses passions, la voile, la course, le camping, l’écriture et la lecture – qui demandent toutes de se préoccuper des questions environnementales, comme son engagement de toute une vie pour aider les peuples autochtones à obtenir le respect, la reconnaissance et les ressources garantis par les droits inscrits dans leurs traités ainsi que par les relations avec les partenaires de ces traités.


Filed in: En français, Spirited Reflections

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