COP21: La passion de la jeunesse et la suite


Après la journée de l’Afrique mardi et celle de l’Agriculture mercredi, jeudi était la journée des jeunes à la COP21 et vendredi la journée de l’éducation.

Jeudi, les jeunes de la COP 21 avaient concocté toute une journée d’activités, un non-stop du matin au soir, qui avait commencé dès 9h30 par une démonstration de l’Association internationale des guides sur des actions et des programmes d’éducation offertes aux filles et aux jeunes femmes, afin de les équiper (empower) pour mieux s’impliquer dans la lutte aux changements climatiques.

Puis une série de demandes ont été faites en direct, par vidéo et par Skype à la Secrétaire-exécutive de la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques), Christina Figueres, de la part des enfants du monde : de l’Europe, de la région du Pacifique et des Caraïbes, du réseau Youth Climate Action.

Enfin, pour terminer la matinée, un débat sur la protection et les droits des enfants, un des groupes des plus vulnérables au changement climatique et à des divers impacts.

Le clou de la journée de jeunes a eu lieu l’après-midi. Après des remarques d’introduction d’officiels comme Christina Figueres et de l’envoyé spécial du secrétaire- général (de l’ONU) pour la jeunesse le Jordanien Ahmad Alhendawi, qui parlent tous deux de l’avenir de la planète, de l’espoir à mettre dans la jeunesse, de la nécessité d’agir pour les générations à venir, nous avons droit à une présentation de la présidente de la 11e Conférence de la Jeunesse, la COY11, qui a eu lieu de 26 au 28 novembre au Parc des Expositions de Villepinte au nord de Paris.

Le tout s’est terminé avec un impressionnant panel de quatre jeunes délégués de la COP21. C’est certainement Anjali Appaduraidu Canada (de Vancouver) qui se mérite les applaudissements les plus nourris. C’est sa cinquième COP, annonce-t-elle dans un discours sans note, et cette fois-ci elle se sent gênée de se présenter devant nous alors que son pays produit, sans relâche et sans remord, le pire pétrole du monde, le plus sale, celui des sables bitumineux. Elle se fâche de ce que le discours des générations plus vieilles contrôle et canalise celui de sa génération. (Applaudissements) Elle se dit aussi très déçue que Christiana Figueres ne soit pas restée après son allocution pour que les jeunes lui posent des questions et qu’elle y réponde. « Sa place aurait dû être ici, avec nous, pour un véritable échange. » (Re-applaudissements) Elle insiste sur le fait que les jeunes n’ont pas de place dans les débats de la COP, pas d’espace pour s’exprimer. J’ai déjà entendu cette même revendication, au Conseil œcuménique des Église (COE) par exemple, mais il est agréable de le ré-entendre. «Il nous faut le pouvoir de déranger, le pouvoir de déstabiliser. » Les jeunes sont conscients de la réalité de ce monde et ils veulent proposer et participer à la mise en place d’un nouveau paradigme, mais pour cela il faut les laisser faire et non pas les museler. Anjali conclut en disant qu’elle aurait aimé demander à madame Figueres si elle serait prête à laisser sa place, à faire un pas de côté et à laisser aux jeunes prendre leur place.

Les trois jeunes qui suivront n’auront pas démérité. Elizabeth Buchan de l’Australie se demande si au point où on est rendu il y a vraiment une différence entre 1,5 ou 2 degrés (comme limite de l’augmentation du réchauffement climatique). Elle se demande si elle aura des enfants. « Nous sommes intelligents, nous sommes instruits, nous sommes passionnés. »

Mary Jane Enchil cherche à nous exposer, malgré un diaporama défaillant, les impacts du réchauffement climatique au Ghana : inondations, destructions des grèves, déforestation, perte de la biodiversité, et sur surtout migrations humaines cause des nombreux conflits. Le dernier intervenant vient du Népal, le quatrième pays le plus vulnérable de la planète aux changements climatiques. « Les inondations causées par la fonte des neiges sont catastrophiques pour mes compatriotes. »

Le point final de cette journée des jeunes sera la projection d’un court film d’une jeune cinéaste allemande : An Invonvenient Youth.

Ce qui ne veut pas dire que ma journée, elle, s’est terminée.

Je galope dans le métro de Paris pour me rendre au Cercle culturel canadien où, menés par Denis Coderre soi-même, maire de Montréal, neuf maires de villes canadiennes (et pas de moindre, Toronto, Vancouver, Longueuil…) ont convoqué une conférence de presse dans lequel ils répètent à tour de rôle qu’ils sont (« de retour ») et veulent être des partenaires à part entières dans les négociations de la COP21. Le maire Coderre annonce que plus de mille maires du monde ont répondu à l’invitation d’Anne Hidalgo, mairesse de Paris, pour une grande consultation demain (vendredi). « Nous faisons partie de la solution. » C’est vrai en fait. Quand on y songe, la plus grosse partie de GES sont émis dans les villes et que les changements qui devront avoir lieu l’auront principalement dans les villes. En partant, je salue bien bas ma mairesse à moi, Caroline Saint-Pierre.

Me voici re-galopant vers la cathédrale Notre-Dame pour assister à la grande célébration œcuménique de la semaine. Depuis la COP1, le COE confie à un organisme œcuménique local le soin d’en préparer une grande où tous les fidèles sont invités à participer à la même prière commune pour la terre.

Certains se souviendront qu’en 2005, lors de la COP11 à Montréal, cette célébration avait eu lieu à l’Oratoire Saint-Joseph. Cette fois-ci c’est le Conseil d’Église chrétienne en France qui en a été le maître d’œuvre dont les deux co-présidents sont le métropolite grec orthodoxe Emmanuel et le pasteur François Clavairoly. C’est un peu beaucoup solennel, présidée par l’archevêque André Vingt-Trois sous le regard du secrétaire- exécutif du COE, mais ne nous formalisons pas. Il y a du monde : plus de 2 000 personnes ! Et j’apprendrais le lendemain que c’est probablement la première de l’histoire qu’une célébration œcuménique a lieu à Notre-Dame. C’est le patriarche « vert » Bartholomée 1er qui aurait dû faire la prédication, mais en son absence le métropolite Emmanuel nous la lit. « La terre est sacrée, de la présence de Dieu. Elle est notre prochain dont nous devons prendre soin. Nous lisons Dieu dans le livre de la nature. Nous devons avoir un cœur qui déborde d’amour pour toute la Création. C’est un engagement non-négociable. » Ensuite, en offrandes on présentera sept « signes de la création » : une pièce de coton, une pièce de lin, une pièce d’orfèvrerie, une poterie, un flacon d’huile d’olive, un instrument de musique, un bateau, un globe terrestre.

David Fines


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